GUILLIGOMARC’H… PAYS MINIER
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GUILLIGOMARC’H….PAYS MINIER
Fin juillet 2008, la presse est venue rappeler et …. apprendre aux plus jeunes, que notre commune, dans un passé pas si lointain, avait vu fonctionner des mines. Et d’uranium s’il vous plaît !
Francis Stanguennec, Yannick Laurent et moi-même, avons décidé sans plus attendre d’aller visiter ces lieux dont le souvenir venait d’être ravivé. Après un accueil chaleureux autour d’un café et d’excellentes crêpes, avec sa verve et sa mémoire précise des choses, Alexandre Conan nous a guidés sur les 2 anciens sites miniers situés tout ou partiellement sur nos terres. Enfouis sous d’énormes ronciers qui les rendent difficilement accessibles, se cachent leurs entrées aujourd’hui comblées et s’étalent à leurs abords les « stériles », ces roches extraites des mines mais qui ne contiennent que trop peu de minerai pour être exploitées.
Le premier de ces 2 sites est celui dit de Rosglas. L’entrée de la mine se trouvait sur le territoire de Meslan au nord du chemin joignant Bontul à l’ancienne D769. Les stériles ont été étalés du même côté mais une partie a servi à empierrer le chemin mitoyen. Quant aux galeries, elles couraient dans le sous-sol des deux communes.
Le second site, dit de Kerjean, se situe entièrement sur la commune et dans la zone boisée séparant Kerjean du chemin rural menant à Kergadiou.
De retour à la mairie, Viviane nous a retrouvé en un clin d’oeil un dossier « uranium » soigneusement compilé par nos prédécesseurs. On peut y lire d’intéressantes précisions à caractère administratif et officiel.
De 1958 à 1985 la société SIMURA a exploité, dans le cadre de la concession dite de Lignol (instituée par décret en 1970), une vingtaine de mines situées en Morbihan sauf une, en Finistère (Kerjean). Tout le minerai extrait de la concession de Lignol (284 000 tonnes environ) a été transporté et traité à l’usine de l’Ecarpière en Loire Atlantique. En 1991, la concession a été mutée par décret à la COGEMA.
Après avoir « hérité » de la concession, la COGEMA a entrepris à compter de 1992, la réalisation de travaux destinés à « valider la mise en sécurité et améliorer la remise en état de certains sites ». Ces travaux ont été réalisés par une entreprise de Plouray (Brulé & Weickert) conformément à un mode opératoire soumis à l’approbation de la Direction Régionale de l’Industrie de la Recherche et de l’Environnement (DRIRE). Après le déplacement de quelque 200 000 m3 de terre et de stériles, les mesures de radioactivité effectuées tant sur les surfaces que dans les eaux des anciennes mines se sont révélées « de qualité équivalente à celles de l’environnement proche ».
Par lettre du 31 mai 1994, la DRIRE a transmis au maire de Guilligomarc’h un ensemble de documents relatifs aux 2 chantiers de Kerjean et Rosglas parmi lesquels des plans sur fond cadastral. La pièce maîtresse est l’extrait du « dossier de délaissement » des sites de Lignol établi par la COGEMA et daté de janvier 1994. Il inclut notamment deux fiches concernant Kerjean et Rosglas. Selon celles-ci le site de Kerjean (sur terrain propriété de la COGEMA) exploité de 1978 à 1980, a fourni environ 2900 tonnes de minerai ; la radioactivité des eaux a été mesurée à 0,13 Bq/l (1). De Rosglas (sur terrain de propriété privée), exploité de 1971 à 1975, ont été extraites quelque 19000 tonnes ; la radioactivité de l’eau dans le puits a été mesurée à 0,99 Bq/l (1). Les terrains ont été remblayés et remodelés avec les matériaux disponibles sur place.
Avec l’autorisation d’Alain Follic, j’ai pris contact avec les services de la Protection Civile de la Préfecture pour obtenir des informations plus actualisées concernant nos anciens sites miniers. Les services de la Préfecture ont à leur tour « saisi » la DRIRE et ont fait parvenir à la Mairie un inventaire des sites d’uranium dressé en 2007 par l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire. A propos de Kerjean et de Rosglas, on peut y lire que le titre minier est valide jusqu’en 2018 et que le dispositif de surveillance actuel inclut une visite annuelle (2) et un compte-rendu à la DRIRE.
Celle-ci a pris contact avec AREVA (ex-COGEMA) qui, le 9 septembre, a dépêché 3 de ses représentants que Francis Stanguennec et moi-même avons reçus à la mairie. Cette délégation, issue du Centre d’Etudes et de Suivi des Anciennes Activités Minières (CESAAM) était dirigée par M. Lauret, directeur des réaménagements de sites. Elle incluait également M. Blaszczyk, en charge de la communication au sein du CESAAM, et M. Covez, responsable des anciens sites de Bretagne et de Vendée. Sur les quelques 200 sites anciens suivis par le Centre, 22 se situent en Bretagne. Nos visiteurs nous ont confirmé que dans notre belle province comme ailleurs, le CESAAM doit réaliser une visite annuelle (2), obligation qu’ils étaient justement venus accomplir.
L’information la plus intéressante – et rassurante – recueillie, est sans doute que les tolérances en matière de radioactivité sur les sites anciens sont désormais 5 fois plus sévères qu’à l’époque où nos mines ont été fermées par la COGEMA (l’Europe est passée par là !) mais que les mesures effectuées à l’occasion des dernières visites annuelles, montrent que les dispositions prises dans les années ‘90 permettent aujourd’hui à nos 2 sites anciens d’être respectueux de ces nouvelles normes. Ouf !
Ah ! Qu’il fait bon vivre en Bretagne, vieille terre de granit bien arrosée de pluie et entourée d’eau de mer !!
Jean Paul Husté